C'est un palais au superlatif s'étendant sur 200 000 m2 en périphérie d'Ankara, aux dépens d'une forêt jadis plantée par Mustapha Kemal Atatürk, fondateur d'une république laïque inspirée du modèle jacobin sur les décombres de l'empire ottoman après la Première Guerre mondiale. Le style veut rappeler les grands empires turcs du passé, celui des Ottomans et celui des Seljoukides qui l'avaient précédé, mais rappelle étrangement le palais de Ceaucescu, à Bucarest. La décoration s'inspire des volutes de pierre des mosquées et bâtiments de l'époque (XI-XIIIe siècle). Le nom aussi claque comme un symbole : «Aksaray», le «palais blanc». «Ak» signifie aussi pur et sans péché, d'où ailleurs l'acronyme choisi pour le AKP (le Parti de la justice et du développement), le parti islamoconservateur au pouvoir depuis 2002. Le coût des travaux est estimé par la presse turque à plus de 300 millions d'euros.
Pour Recep Tayyip Erdogan, premier président turc élu au suffrage universel, en août, un nouveau palais est un moyen d’incarner la naissance d’une nouvelle république voire, à terme, d’un nouveau régime en rupture. Convaincu d’être investi d’une mission divine, celle de remettre dans le sillon de son histoire une Turquie puissance musulmane sunnite héritière de l’empire ottoman, Recep Tayyip Erdogan voit grand. Ses adversaires politiques pourfendent sa mégalomanie qui s’exprime aussi par des projets urbanistiques pharaoniques comme le canal doublant le Bosphore. C’est