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Libération

«Si c’est le général Traoré qui prend le pouvoir, ça va chauffer encore»

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Pour les manifestants, le départ du président burkinabé n’éteint pas le mouvement :
par Louise Agar, Correspondance à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)
publié le 31 octobre 2014 à 19h56

Pas de scènes de liesse vendredi dans les rues de Bobo-Dioulasso. Quelques coups de klaxon, quelques drapeaux, mais pas d'euphorie. La tension est retombée mais, malgré la démission du président Compaoré, l'enthousiasme n'est pas total. «On a gagné une partie mais on a du mal à fêter ça parce qu'on ne veut pas de Traoré [le chef d'état-major des armées qui s'est proclamé hier chef de l'Etat, ndlr]», explique Harouna, un jeune artisan bobolais.

«La population exècre le général Honoré Troaré parce que, pour elle, il reste l'homme de Compaoré. Et on ne remplace pas la peste par le choléra», décrypte Germain Nama, directeur de publication de l'Evénement, l'un des principaux journaux d'opposition. Une défiance accrue par la confusion dans laquelle a été gérée mercredi soir la prise en mains du pouvoir par l'armée, qui a donné l'impression que le chef d'état-major voulait ménager une porte de sortie au Président. Vendredi, le nom du général en retraite Kouamé Lougué était toujours scandé par les manifestants à Ouagadougou. La veille, ces derniers étaient allés réclamer l'intervention de cet ancien ministre de la Défense, limogé en 2003 par Campaoré et très apprécié pour son intégrité, devant une caserne du centre de la capitale.

Nostalgiques. Nombreux étaient en effet les Burkinabés à placer leur espoir dans les militaires pour résoudre la crise qui secoue le pays. Et éviter que la situation ne dégénère. Déjà,