A Paris, la crise au Burkina Faso est suivie avec autant d'attention que de discrétion. Une discrétion à la mesure de l'enjeu stratégique que représente ce pays : si l'ex-colonie française n'a ni uranium (contrairement au Niger), ni pétrole (exploité au Gabon ou au Congo-Brazzaville), ni cacao (cultivé en Côte-d'Ivoire), l'ex-Haute-Volta est une importante plateforme militaire pour la France. Alors que Paris a établi en août à N'Djamena, au Tchad, le QG de l'opération Barkhane, «Ouagadougou reste le cœur du réacteur nucléaire du dispositif français dans la zone», assure le spécialiste des questions militaires Jean-Christophe Notin.
Entre l’état-major français et Blaise Compaoré, lui-même ancien officier, le courant est toujours bien passé. En 2010, l’armée française a installé à Ouagadougou, sans tambour ni trompette, la base arrière des forces spéciales qui opèrent dans la région. Sur l’aéroport de la capitale, les Français côtoient leurs homologues américains qui sont également à demeure au Burkina Faso, un pays jusqu’ici très prisé pour sa stabilité politique plus que pour sa vitalité démocratique.
«Puissance». D'après une source bien renseignée, un homme a joué un rôle clé dans l'installation des commandos français à «Ouaga» : le général Benoît Puga. Ancien patron des forces spéciales, ce dernier est aujourd'hui chef d'état-major particulier du président Hollande, après avoir été celui de Nicolas Sarkozy. «En permettant au