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Le capital à Hongkong ?

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Les chroniques de Thomas Pikettydossier
publié le 3 novembre 2014 à 17h26

D'après les dictionnaires, la ploutocratie (du grec ploutos : «richesse» et kratos : «pouvoir») consiste en un système de gouvernement où l'argent constitue la base du pouvoir. Pour analyser le système que le Parti communiste chinois (PCC) tente, actuellement, de mettre en place à Hongkong, on est tenté d'inventer un nouveau mot : «le ploutocommunisme». On autorise, formellement, des élections libres, mais uniquement entre deux ou trois candidats, et qui doivent, au préalable, être majoritairement approuvés par un comité de nomination constitué par Pékin et trusté par les milieux d'affaires hongkongais et autres oligarques prochinois.

Il s’agit de facto d’un étonnant mélange entre la logique communiste du parti unique (en Allemagne de l’Est, il existait des élections, mais uniquement entre candidats ayant fait allégeance au pouvoir en place) et des traditions aristocratiques et censitaires européennes (jusqu’en 1997, le gouverneur de Hongkong était nommé par la reine d’Angleterre, et la démocratie était indirecte et se fondait sur des comités dominés par les élites économiques). Au Royaume-Uni comme en France, entre 1815 et 1848, seuls quelques pour cents de la population avaient le droit de vote : ceux qui payaient suffisamment d’impôts (c’est un peu comme si seuls les contribuables ISF pouvaient voter). Sans aller jusque-là, la Chine semble être tentée par une voie comparable, avec en prime un parti unique tout-puissant pour guider l’ensemble.

Comm