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grand angle

Maghen Abraham, synagogue miraculée

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Liban, une mémoire juive (1/2). Symbole de la présence des sépharades dans le pays depuis le XVIe siècle et abandonné depuis la guerre civile, le lieu de culte est en cours de restauration, avec la bénédiction du Hezbollah.
publié le 4 novembre 2014 à 17h06

Posée là, comme une pépite au milieu des chantiers, la façade beige et ocre de la synagogue Maghen Abraham se dresse, majestueuse, sous le soleil de midi. Logée en contrebas des résidences privées de la famille Hariri et du Grand Sérail, le siège du gouvernement, à deux pas du centre-ville de Beyrouth, elle est l'ultime vestige de Wadi Abou Jmil. Toute trace des maisons et commerces de l'ancien quartier juif a disparu. Les bâtiments ont été démolis lors la guerre civile ou rasés par la compagnie Solidere, le géant immobilier créé par Rafic Hariri pour reconstruire le centre-ville de Beyrouth au début des années 90. Là où les classes moyennes et populaires de la communauté juive vivaient depuis la fin du XIXe siècle, les promoteurs dessinent à coups de pelleteuses un nouveau quartier de luxe.

Maghen Abraham, elle, a tout d'une miraculée : c'est la seule des dix-sept synagogues de la capitale à avoir résisté aux soubresauts de l'histoire. «C'est notre synagogue», lance S.B. (1), le vice-président du conseil communal juif, en ouvrant les portes de la grille en fer forgé, qui donne sur une cour où paressent deux palmiers centenaires. Impossible de s'y rendre sans escorte, surtout depuis que la zone a été bouclée, il y a un an, après l'assassinat non loin de là de Mohammad Chatah, un proche de Saad Hariri (fils de Rafic et président du Conseil des ministres entre 2009 et 2011). «C'est un rêve qui se réalise enfin, explique, pudiquement, l'homme d'une c