Les électeurs tunisiens ont tranché : le parti Nidaa Tounes arrive en tête des élections législatives. Contrairement à ce qu’ont affirmé une partie de la presse internationale et certains «intellectuels» militants français, ces résultats ne sont pas une victoire des «laïcs» sur les «islamistes».
Le parti Nidaa Tounes n’est pas plus «laïc» que le parti Ennahdha n’est «islamiste» voire «intégriste». Nidaa Tounes se revendique davantage comme séculariste. Le terme même de laïcité est impropre dans un pays dans lequel la configuration des rapports du religieux et du politique est originale. L’Etat est un Etat civil, la charia n’est pas source de droit. Mais il s’ancre dans une confession : la Constitution version 2014, comme celle de 1959, précise que l’islam est «la religion de l’Etat», formulation contestée ni par Nidaa ni par Ennahdha. Après les élections de 2011, Ennahdha a gouverné le pays en s’alliant avec deux partis sociaux-démocrates sécularistes et deux ans de négociations, parfois houleuses, mais orientées vers la recherche d’un compromis, ont abouti à l’adoption de la Constitution la plus libérale du monde arabe.
Et si les dirigeants de Ennahdha avaient compris qu’ils n’auraient jamais une majorité suffisante pour enlever le sécularisme tunisien du code génétique du pays ? Dès lors, et sans oublier les atermoiements du parti vis-à-vis des groupes extrémistes, l’étiquette islamiste n’est-elle pas réductrice pour qualifier Ennah-dha ? N’est-il pas surtout un parti de ten