Nous nous rappelons de la chute du Mur comme si c’était hier. Ce 9 novembre allait mettre fin au monde d’hier né des méandres et des barbaries de deux guerres mondiales. Ni l’un ni l’autre n’étions adultes, mais l’un comme l’autre, nous avons senti le souffle de l’histoire et eu l’intuition peut-être en raison de nos communes racines polonaises, que le grand dessein de l’Europe serait son unification, que nous Européens de l’Ouest allions enfin avoir l’opportunité de découvrir ce Big Far East : Varsovie, Prague, Budapest… que la mission de notre génération, celle qu’on appelle la première génération Erasmus, puisque ce programme de mobilité pour les jeunes Européens est né à la veille de la chute du Mur, serait d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre continent. Nos parcours nous ont conduits presque au même moment en Amérique. Nous avons aimé les Etats-Unis, nous avons senti la puissance créative de cette nation comme nous avons pressenti le retour dans l’Histoire de grandes puissances comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui annonçait la fin de la domination de l’Occident. L’Europe devait être le lieu de l’invention d’un nouveau modèle de société. Non par peur de l’anéantissement économique ou moral de notre continent, mais par envie que l’expérience européenne offre un nouveau souffle au concept de démocratie. Imaginer une nouvelle citoyenneté qui n’ait pas besoin de la guerre pour définir son champ identitaire.
Un quart de siècle plus tard, nos concitoyens, en Sui