Lors de sa dernière tournée en Afrique, en mars 2013, le président chinois, Xi Jinping, s'en est pris aux «Occidentaux qui accusent la Chine» de ne s'intéresser qu'aux matières premières du continent. «Nous, on s'entend bien avec les Africains car nous les traitons en égaux», avait-il claironné dans un discours à Dar es-Salaam, en Tanzanie, où une importante délégation d'officiels et d'hommes d'affaires l'accompagnait.
Le jour même, l'avion présidentiel chinois repartait avec plusieurs tonnes de défenses d'éléphant de contrebande dans ses soutes… C'est ce qu'affirme dans un rapport sur le trafic de l'ivoire publié cette semaine l'ONG internationale Environmental Investigation Agency (EIA), installée à Londres. «Les officiels et les businessmen de la délégation ont profité de l'occasion pour acheter une quantité d'ivoire si importante que les prix ont grimpé», rapporte l'EIA. Selon un trafiquant local, cité dans le rapport, le cours de l'«or blanc» est passé de 350 à 700 dollars (560 euros) le kilo. Quinze jours avant l'arrivée de la délégation, des acheteurs chinois avaient écumé les marchés en prévision. Ce genre de «pillage diplomatique» est loin d'être exceptionnel. En 2006, déjà, un contrebandier interrogé par l'EIA affirmait que les diplomates de l'ambassade de Chine à Dar es-Salaam étaient ses plus gros clients, «car personne ne vérifie le contenu de la valise diplomatique». Les soutes des navires de guerre non plus. Quelques