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Libération
TRIBUNE

Je me fiche des Allemands de l’Ouest

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A Berlin, le 9 novembre 1989. (Photo : Fabrizio Bensch. REUTERS)
par Jana Hensel, Journaliste à l’hebdomadaire Der Freitag
publié le 6 novembre 2014 à 17h26

La semaine dernière, l’un d’entre vous a écrit : «Il faut le dire une bonne fois pour toutes : nous, les Allemands de l’Ouest, nous avions le meilleur pays. Un pays meilleur que la RDA avant la réunification et meilleur que celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est vous, chers Allemands de l’Est, qui nous l’avez pris. Vous n’y pouvez rien. Mais un peu plus d’humilité de temps à autre aurait été appréciée.» Zeit Online publiait ce texte du critique littéraire, Christoph Schröder, certainement pour célébrer le 25e anniversaire de la chute du Mur, le 9 novembre.

Ce texte m’a attristée et je ne m’en suis toujours pas remise parce que c’est pour moi un air bien connu. Je suis sûre que vous êtes d’ailleurs nombreux à penser comme lui, ou à peu près. Il ne se passe guère de semaine sans que vous ne fassiez une plaisanterie sur ce que nous coûtons ; vous espérez que nous trouvions ça drôle, car un peu d’autodérision ne nuit jamais. Quand Angela Merkel fait une bourde, vous la renvoyez à son passé de membre de la Jeunesse libre allemande ; vous tenez Joachim Gauck, le Président, pour un archaïque pasteur du Mecklembourg et vous jugez utile de dénoncer son protestantisme. Vous préférez cultiver le souvenir de Helmut Kohl, même si, bien sûr, votre ironie ne nous aura pas échappé. S’il vous arrive de vous aventurer dans la province de l’Est, vous postez sur Facebook des photos de troquets minables, de gens moches et d’enseignes en mauvais allemand, et vous en riez grassement, d’un