La semaine dernière, les commandants de la guérilla colombienne ont dû écouter en silence le récit d'une victime de l'une de leurs armes préférées : les mines antipersonnel. Leur interlocuteur, Guillermo Murcia, faisait partie de la délégation de personnes affectées par le conflit qui s'est rendue à Cuba, là où les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) négocient avec le pouvoir depuis bientôt deux ans. «C'est une opportunité historique de parler de notre douleur, mais aussi de reconstruire le pays», a commenté la journaliste Jineth Bedoya. Elle-même a été séquestrée et violée par des paramilitaires antiguérilla, et a témoigné en début de semaine au côté de Guillermo Murcia.
Un processus «unique au monde», selon les Nations unies. Au total, soixante victimes de tous bords de la guerre civile colombienne, vieille de plus d'un demi-siècle, doivent rencontrer les négociateurs du gouvernement et des Farc. Les voyages, qui ont débuté en août, doivent s'achever le mois prochain. Les deux camps ont souhaité ces rendez-vous pour écouter les récits et les exigences de ceux qui ont subi leurs assauts, et éviter ainsi que le futur accord de paix n'aboutisse à un «échange d'impunité» entre combattants. «La Colombie peut être fière d'innover, a souligné Fabrizio Hochschild, représentant de l'ONU dans le pays. La participation des victimes donne une plus grande légitimité au processus de paix.»
Dosage.