La Jordanie est, de loin, le pays arabe le mieux disposé à l'égard d'Israël. Amman a d'ailleurs signé avec lui, il y a exactement vingt ans, un accord de paix qui, à ce jour, demeure l'une des grandes réussites diplomatiques de l'Etat hébreu. Mais devant ce qu'elle dénonce comme des violations graves et répétées de l'Etat hébreu sur l'esplanade des deux Mosquées à Jérusalem, un lieu saint dont le même traité lui reconnaît la qualité de gardien, la Jordanie a fini par se fâcher et rappeler mercredi son ambassadeur pour «consultations». Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, aura donc réussi à mécontenter le très conciliant roi Abdallah qui, lors d'un entretien téléphonique, s'est montré très ferme, rappelant qu'il s'opposait à «toute mesure compromettant le caractère sacré du sanctuaire d'Al-Aqsa et le mettant en danger ou modifiant le statu quo» (1). Cette première brèche sérieuse dans les relations entre les deux Etats, engagés dans une coopération sécuritaire et économique vitale, pourrait avoir un impact sur l'Egypte, l'autre pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël, où le pouvoir craint tout ce qui pourrait relancer l'agitation islamiste. D'où l'engagement pris par Nétanyahou auprès du roi Abdallah à ne pas modifier les règles en vigueur. Mais le mal est déjà fait.
Frileuse. Le monde arabo-musulman suspecte Nétanyahou d'être prêt à céder aux pressions des extrémistes juifs. Une accusation qui s'ajou