«Vous êtes la mère du corps qui est ici ?» Des confins de la cordillère des Andes aux grandes plaines des Llanos qui s'étendent à 300 kilomètres à l'est de la capitale, les restes des victimes des groupes paramilitaires ou des guérilleros qui officient en Colombie depuis le milieu du siècle dernier sont régulièrement déterrés. En présence de leur famille ou de représentants d'associations de défense des droits de l'homme.
Combien de mères ou de fils et filles de suppliciés ont déjà été confrontés à ces lambeaux de chair et d’os broyés arrachés par les pelleteuses aux boues rougeâtres du sol ? Martyrs des escadrons de la mort, des narcotrafiquants, des révolutionnaires ou des militaires. La litanie des drames strie la vie politique colombienne : plus de 20 000 disparus, 4 millions de déplacés 70 journalistes assassinés en trente ans, 2 000 élus municipaux actuellement encore menacés de mort…
Sicaires. Le président Juan Manuel Santos, ex-ministre de la Défense du très droitier Alvaro Uribe - lui-même proche des escadrons de la mort -, semble aujourd'hui sincèrement disposé à pacifier son pays. Les négociations qu'il mène depuis deux ans à La Havane (Cuba) avec les chefs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) marquent de réels progrès. Pas sûr, cependant, que la tournée européenne qu'il a peaufinée vendredi par un entretien à Paris avec François Hollande afin d'abonder un hypothétique fonds européen destiné à financer