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interview

«Jérusalem est au cœur de deux stratégies nationales concurrentes»

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Vincent Lemire, historien, revient sur la place de la ville dans la problématique israélo-palestinienne.
Jérusalem, 4 septembre 2014. (Photo Menahem Kahana. AFP)
publié le 8 novembre 2014 à 9h16

Vincent Lemire, historien, est maître de conférence à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée, auteur de Jérusalem 1900 : la Ville sainte à l'âge des possibles, et responsable du projet Open Jerusalem. Il évoque l'enjeu de la reconnaissance d'un Etat palestinien et la place de Jérusalem dans l'histoire.

Des députés et sénateurs PS s’apprêtent à proposer une résolution en vue de la reconnaissance de l’Etat palestinien, certains n’y voient qu’un symbole, qu’est-ce que cette reconnaissance changerait ? 

Ce n'est pas qu'un symbole. Lorsque la Suède a reconnu l'Etat palestinien, l'ambassadeur d'Israël en Suède a immédiatement été rappelé, ce qui est un acte diplomatique lourd. Des commentateurs en Israël ont alors ironisé sur le fait qu'Israël «lançait une stratégie d'isolement de la Suède». Au-delà de la plaisanterie, ce qui se joue fondamentalement ici, c'est l'angoisse d'Israël de se retrouver isolé sur la scène internationale. La crainte est celle d'un effet domino. Après la Suède, il y a eu la Grande-Bretagne, demain peut-être l'Espagne, la France. Il faut souligner qu'en France ce projet de résolution vient désormais de députés PS. Ce ne sont plus les Verts, ou le Parti de gauche qui sont en pointe, mais bien le parti au pouvoir, avec le soutien du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, considéré comme un ami par Israël. Que la France, membre du conseil de sécurité de l'ONU, pays où vit la plus importante communauté juive d'Europe, s'apprête à reconnaître l'Etat de Palestine, ce n'est pas qu'un symbole, car en l'espèce le symbolique produit du politique.

Pourquoi les Israéliens ont-ils si peur de cette possible reconnaissance ? 

Tous les Israéliens savent que