«Je suis venu en bon citoyen, en honnête Catalan. Je pense avoir fait ce que chacun devrait faire : s'exprimer sereinement à travers un bulletin de vote» : crâne dégarni, visage bonhomme, un béret pour se protéger de la pluie fine, Joan Mas s'est déplacé avec toute la famille. Sa mère, son épouse et son fils de 17 ans. Tous les quatre n'ont eu aucun doute, ils ont répondu «oui-oui» à la double question : «Souhaitez-vous que la Catalogne soit un Etat» et «si oui, voulez-vous que cet Etat soit indépendant ?» Aux yeux de Joan Mas, cette consultation symbolique, sans effets juridiques et déclarée illégale par le Tribunal constitutionnel de Madrid, est un baromètre utile pour prendre le pouls de la société catalane et de sa colère contre un Etat central qui s'oppose à l'exercice d'un droit fondamental. «Vous savez pourquoi autant de gens se sont déplacés ? Non pas parce qu'on est devenu fous, mais parce qu'on en a assez d'appartenir à un pays qui ne nous aime pas, qui ne veut pas nous écouter et qui refuse de pactiser», insiste Joan Mas.
Étrangers. En cette fin de matinée, des dizaines de personnes font patiemment la queue devant l'école «Massana», un institut public d'art et de design post-baccalauréat, dans le Raval, en plein centre historique barcelonais. Beaucoup d'adultes, mais aussi un grand nombre de personnes âgées et d'étrangers, des Marocains et des Pakistanais en majorité. En effet, peuve