«Je suis morte là ou je suis vivante ?» Allongée sur un lit de camp, Amélie joue le rôle de la patiente atteinte d'Ebola. Vivante et même en pleine forme, mais censément mal en point pour les besoins de l'exercice. Autour d'elle, des soignants en encombrante combinaison jaune s'activent, manquant de se prendre les pieds dans les seaux d'eau chlorée. Mathias, le formateur, les guide : «C'est bien, mais ne quitte pas une seconde l'aiguille des yeux pendant la prise de sang», «jamais de chlore sur le patient, de l'eau et du savon, c'est tout», «pas de mouvement brusque, ne vous agitez pas», sans oublier LA règle de base : «Si vous ne savez pas quoi faire, ne vous posez pas de questions : lavez-vous les mains.»
On est au centre de formation de Médecins sans frontières à Bruxelles. C'est par-là, sous quelques tentes blanches et préfabriqués montés au fond d'un terrain vague, que transitent la majeure partie des humanitaires en partance pour une mission dans l'un des pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus. Tous ont déjà l'expérience d'au moins une mission de terrain, mais c'est leur «première fois sur Ebola». Les formateurs, eux, reviennent d'un des centres MSF en Guinée, Liberia ou Sierra Leone. La session, théorique et pratique, se tient sur deux jours. Le centre assure deux formations par semaine depuis le mois d'août. Un autre centre ouvre cette semaine à Amsterdam et un troisième devrait suivre à Genève pour répondre aux