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Grand angle

Thomas Sankara, l’âme de fond de la révolution au Burkina Faso

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Le «Che Guevara africain», assassiné en 1987 et remplacé par Blaise Compaoré, est devenu l’une des figures emblématiques du «Balai citoyen». Un mouvement de la jeunesse qui a joué un rôle clé dans le départ du chef de l’Etat.
Le capitaine Thomas Sankara, président du Burkina Faso (ancien Haute Volta), pose avec Francois Mitterrand à Vittel, le 3 octobre 1983. (Photo Jean-Claude Delmas. AFP)
publié le 14 novembre 2014 à 17h06
(mis à jour le 16 novembre 2014 à 17h30)

C’est une tombe enfin «libérée». Celle d’un mort, dont le seul nom suffit, encoreaujourd’hui, à galvaniser les foules africaines et bien plus encore celles de son pays natal, le Burkina Faso. Le soulèvement populaire qui a embrasé pendant la dernière semaine d’octobre ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest, balayant le régime en place, a aussi permis de libérer l’accès au cimetière de Dagnoe, gardé depuis plusieurs décennies par des militaires armés. Lesquels en interdisaient l’entrée sans laissez-passer officiel, à l’exception d’un seul jour dans l’année. Début novembre, ils ont discrètement disparu.

Un leader contre «l’Occident repu»

Ce vaste cimetière aux tombes éparses, isolé à la périphérie de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, abrite celle de Thomas Sankara, le «Che Guevara africain». Un leader singulier, charismatique et visionnaire rendu célèbre par ses projets en faveur de l'autosuffisance nationale et ses discours audacieux. Comme celui à la tribune des Nations unies, en octobre 1984, lorsqu'il n'avait pas hésité, avec une politesse malicieuse, à affirmer aux grands de ce monde que son tout petit pays souhaitait «risquer de nouvelles voies pour être plus heureux» et ne plus être «l'arrière-monde de l'Occident repu». Le rêve était peut-être utopique ou idéaliste, il fut en tout cas vite brisé. Jeune capitaine de l'armée burkinabée, Sankara a pris le pouvoir à 34 ans, en 1984. Moins de quatre ans plus tard, le 15 octobre 1987, il sera renversé et assassiné. Son tombeur n'est autre