Shadi Khaloul a le sourire de la victoire. Face au photographe, il pose au côté de sa femme, Oksana, dans les bureaux de l'antenne du ministère de l'Intérieur à Safed, dans le nord d'Israël, tenant fièrement sur sa hanche son fils de 2 ans, Jacob. Il vient de faire de lui le premier citoyen israélien «araméen» et, de facto, le premier Araméen de l'histoire contemporaine. C'était le 20 octobre. Shadi vit à Jish (Gush Halav en hébreu), une petite ville de Haute-Galilée plantée sur une colline, à un battement d'ailes du Liban. C'est de sa bourgade natale que cet Israélien de 38 ans a lancé en 2007 avec son ami Johnny Zaknoun le combat pour la reconnaissance, en Israël, d'un peuple araméen dont les origines remontent à l'Antiquité. Le nom d'Aram apparaît dans la Bible, désignant à la fois le fils de Sem, petit-fils de Noé, et la région où se prolonge sa descendance, en Syrie, en Mésopotamie. Les mêmes textes qualifient d'Araméen Laban, le père de Léa et Rachel, qui épouseront Jacob et dont les enfants seront à l'origine des douze tribus d'Israël.
Shadi Khaloul fait partie des quelque 10 000 chrétiens maronites recensés en Israël. Etre reconnu comme Araméen, c'est pour lui une façon de tourner le dos à son «arabité». Comme la plupart des 150 000 Israéliens de religion chrétienne (2% de la population du pays), il était recensé comme «Arabe» par l'état civil israélien qui enregistre, pour tout citoyen, sa «nationalité» : juive, arabe, druze ou circassienne. «Israël est