A priori, personne n'aurait jamais dû entendre parler de la synagogue Kehilat Bnei Torah («Communauté des fils de la Torah») située dans le quartier religieux de Har Nof, à Jérusalem. Mais Rassan et Ouday Abou Jamal, les deux Palestiniens qui l'ont attaquée mardi matin à coups de couteau de boucher et de pistolet durant le shaharit, la prière du matin, en ont décidé autrement.
Avant d'être abattus par un policier, les deux terroristes ont eu le temps de tuer cinq personnes (quatre fidèles et un policier) et d'en blesser grièvement quatre autres. «Nous étions environ vingt-cinq dans la salle, revêtus de notre talit [châle de prière, ndlr]. Il y avait également des enfants. Lorsque l'un des tueurs a ouvert le feu, j'ai imploré le Tout-Puissant d'épargner ma vie et lui ai demandé pardon pour tout ce que j'ai pu faire de mal», raconte Yossef Alfassi, un quinquagénaire sous le choc. «Il y avait du sang partout : sur les objets du culte, sur les livres de prière. C'était une boucherie. Elle n'a duré que quelques minutes, mais j'ai eu l'impression que c'étaient des heures.»
Bastion du parti religieux séfarade Shass, le quartier d'Har Nof était jusqu'à présent considéré comme l'un des plus calmes de Jérusalem. La majorité des morts et des blessés sont d'ailleurs des étudiants d'une petite yeshiva, une école talmudique.
«Qu’avons-nous fait ? Que nous reproches-tu ?»
Immédiatement après l'attentat, de nombreux juifs pratiquants sont descendus dans les rues d'Har Nof, vêtus de leur tali