«Alors que Xi Jinping
[le président chinois, ndlr] enchaîne sommets internationaux et visites d'Etat, les lugubres procès de personnalités critiques du pouvoir, qu'il a ordonnés, s'enchaînent les uns après les autres sans que jamais une voix de dignitaire étranger ne s'élève publiquement… Mais bon, on est habitués maintenant.»Cette pensée mordante est celle d'une dissidente qui désire rester anonyme par crainte qu'on l'envoie elle aussi rejoindre la cohorte des dizaines de milliers de prisonniers politiques chinois. Son constat tombait fort à propos ce vendredi, puisque deux membres éminents de l'intelligentsia chinoise étaient traduits devant les tribunaux.
L'économiste ouïghour Ilham Tohti, âgé de 45 ans, s'est vu confirmer en appel par un tribunal d'Urumqi sa peine d'emprisonnement à perpétuité pour des paroles présentées comme séditieuses. Il s'était souvent exprimé pour demander aux autorités chinoises de modérer leur politique d'assimilation forcée visant les 10 millions de Ouïghours musulmans turcophones de ladite «région autonome du Xinjiang». Sa peine initiale avait été prononcée en septembre. Depuis, ses biens ont été saisis et son compte en banque vidé par les autorités, laissant démunis son épouse et ses enfants à Pékin. D'après sa famille, Tohti vivrait un calvaire, privé de vêtements chauds dans sa cellule. La journaliste Gao Yu, 70 ans, lauréate en 1997 du prix mondial de la presse de l'Unesco, a comparu à Pékin le même jour, à huis cl