L'hémicycle du Parlement européen en direct dans la cathédrale de Strasbourg. Le discours du pape est retransmis sur écran géant à quelques centaines de fidèles. Des hommes à oreillette arpentent les allées, lancent des regards obliques aux jeunes femmes. La veille, une Femen protestait ici : «Le pape n'est pas un homme politique», pouvait-on lire sur son dos nu. Le lendemain, dans la nef, le mélange des genres ne gêne personne. «La séparation de l'Eglise et de l'Etat est un sujet sensible surtout pour les Français !» lance Bob, 21 ans, étudiant aux Pays-Bas. A ses côtés, Sarah, une Allemande de 23 ans, acquiesce. Outre-Rhin, «on est moins strict sur la question».
Le pape termine. Applaudissements, louanges. «Son discours est une reconnaissance de l'Europe. Elle est notre avenir et celui de nos enfants», assure une dame. Jean-Baptiste s'agenouille, fonce vers la sortie, comme submergé : «Le Saint-Père est allé encore plus loin que je ne le pensais !» Sur son calepin, il a noté son passage favori, «quand il dit que l'homme est doté d'une dignité transcendante», rapporte l'«habitué des JMJ», les Journées mondiales de la jeunesse. Avec Jeanne, Agathe et Priscille, ils slaloment entre les maisonnettes en bois emplies de babioles du marché de Noël, enfourchent leur vélo, direction les institutions européennes. Ils pédalent comme des dératés, misent sur le penchant du souverain pontife pour «les bains de foule»