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Récit

Brésil : Dilma Rousseff prise à son propre piège anticorruption

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En réaction au scandale touchant le groupe Petrobras, la Présidente a lancé une opération «Mains propres» qui se retourne contre le Parti des travailleurs.
par Chantal Rayes, Correspondante à São Paulo
publié le 26 novembre 2014 à 19h06

Est-ce la fin de l'impunité, comme l'a affirmé la présidente du Brésil, Dilma Rousseff ? Jamais auparavant les groupes de BTP, les empreiteiras, au centre de la corruption politique, n'avaient été aussi sérieusement inquiétés. D'où le caractère historique du coup de filet mené le 14 novembre par la police fédérale dans ce qui prend des airs d'opération «Mains propres» à la brésilienne.

Ce jour-là, 21 dirigeants des principales empreiteiras du pays, tous en cause dans le scandale de détournement de fonds et de blanchiment d'argent qui secoue le géant pétrolier Petrobras (contrôlé par l'Etat brésilien), étaient arrêtés et placés en garde à vue. «Pour la première fois, les corrupteurs sont traités avec la même rigueur que les corrompus, observe le politologue Marco Antonio Carvalho Teixeira. C'est un changement de paradigme dans la lutte contre la corruption.»

Les empreiteiras sont accusées d'avoir payé des pots-de-vin pour décrocher des contrats surfacturés avec Petrobras. Une commission de 1 à 3% de leur montant devait ensuite alimenter les caisses noires du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff et de deux autres formations de la coalition au pouvoir, le Parti progressiste (PP) et le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB). Les hommes imposés à Petrobras par ces partis pour y gérer leurs prébendes ont également été arrêtés. L'un d'eux, l'ex-directeur des approvisionnements, Paulo Roberto Costa, ainsi qu'un intermédia