On a frôlé l'incident diplomatique. D'ordinaire, lorsque la saison des Nobel approche, le ministère suédois des Affaires étrangères met sa salle de presse à disposition de la Fondation Right Livelihood Award (RLA), pour l'annonce des lauréats de son «prix Nobel alternatif». C'est une tradition qui date de près de vingt ans. Cette année, les journalistes ont reçu un communiqué la veille, les informant que la conférence de presse était annulée. Le directeur exécutif de la fondation, Ole von Uexküll, s'étonne : «Le café et les petits pains étaient commandés.» Il croit savoir que la décision a été prise au plus haut niveau par le chef de la diplomatie lui-même, Carl Bildt, «un grand ami des Américains», qui n'aurait pas apprécié de voir sur la liste des lauréats Edward Snowden, à l'origine des révélations sur le programme de surveillance des Etats-Unis.
On ne peut qu'imaginer le plaisir du Germano-Suédois Jakob von Uexküll, à l'origine du Nobel alternatif, qui n'a jamais dissimulé son goût pour la polémique, pourvu qu'elle fasse parler du prix. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, chaque année, l'attribution et la remise du Right Livelihood Award ont lieu à quelques jours seulement de la grand-messe des Nobel. Une façon, reconnaît-t-il, de profiter de la caisse de résonance offerte par le graal des récompenses, en jouant sur les contrastes, pour mieux alimenter «le débat sur les problématiques les plus urgentes pour le monde». Et le philanthrope de