Menu
Libération
Interview

«L’affaire Michael Brown a ouvert les yeux de nombreux Blancs»

Article réservé aux abonnés
Pour l’historien Andrew Diamond, l’Amérique est «aussi raciste que dans les années 60» :
publié le 28 novembre 2014 à 19h46

Andrew Diamond est professeur d'histoire et civilisation américaines à l'université Paris-Sorbonne. Il a co-écrit avec Pap Ndiaye une Histoire de Chicago (éditions Fayard, 2013).

Ferguson marque-t-il le retour de la question noire aux Etats-Unis ?

Elle n'a jamais disparu, surtout pour les Noirs, mais on voit maintenant une autre dimension de la question raciale. On a une série d'événements qui rendent soudain très visibles les problèmes auxquels sont confrontées les communautés noires défavorisées, des problèmes qui jusqu'à récemment étaient marginalisés dans la discussion mais qui sont revenus sur le devant de la scène avec les affaires Trayvon Martin en Floride, Tamir Rice à Cleveland et Michael Brown à Ferguson. Dans une ville comme Ferguson, la fracture entre Blancs et Noirs est immense. Les Noirs y représentent 70% de la population mais ne sont absolument pas représentés dans la vie politique locale ou dans la police, en écrasante majorité blanche. L'affaire a ouvert les yeux de nombreux Américains blancs qui n'avaient jamais imaginé une telle situation. Et elle a aussi attiré l'attention sur les injustices raciales déplorables du système judiciaire américain, ce qui devrait à son tour attirer l'attention sur une question fondamentale dont on entend très peu parler dans l