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Libération
grand angle

L’école des femmes

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Réunies en colloque à Dakar, des universitaires d’Afrique de l’Ouest ont partagé leur expérience, entre harcèlement sexuel et discrimination, et appelé à se méfier d’une «illusion d’égalité». Rencontre avec six d’entre elles, alors que s’ouvre ce week-end le 15e sommet de la francophonie.
publié le 28 novembre 2014 à 17h46

Femmes de tous les pays francophones, unissez-vous ! De Paris à Cotonou, en passant par Tunis, Dakar ou Bucarest, vous êtes confrontées peu ou prou aux mêmes inégalités. Bien installés aux postes de pouvoir, les hommes trouvent normal d’y rester et regimbent à laisser les femmes s’immiscer. A la maison, beaucoup ont encore une fâcheuse tendance à mettre les pieds sous la table ou à en faire un minimum. L’Agence universitaire de la francophonie (1), qui rassemble 800 établissements dans une centaine de pays, a organisé mi-novembre à Dakar un colloque intitulé «Femmes universitaires, femmes de pouvoir ?» L’idée était de voir si, dans un monde aussi protégé que l’université, les femmes bénéficiaient d’un meilleur traitement, voire de bribes de pouvoir. La réponse est non.

Les intervenantes étaient pour l’essentiel des responsables universitaires d’Afrique de l’Ouest. Souvent de grandes dames issues de milieux aisés, parfois mariées à des députés ou des ministres, elles avaient en commun d’être sensibles à la problématique du genre, générateur d’inégalités. A leurs côtés, des femmes du Maghreb, du Proche-Orient et d’Europe, notamment des Françaises. Sous le chapiteau dressé dans un hôtel de luxe de Dakar, au bord de l’Atlantique, on a eu parfois l’impression d’être hors sol et hors temps. Au Sénégal comme dans les pays voisins, toute une frange de la population se bat pour survivre, dormant dehors, sans moyens pour se soigner ou envoyer les enfants à l’école. Gouvernance masculin