Il a osé : nommé Premier ministre du gouvernement de transition après la chute de Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Isaac Zida a annoncé jeudi son intention de demander au Maroc l’extradition du président déchu, qu’il a pourtant servi lorsqu’il était numéro 2 de la sécurité présidentielle. Une décision audacieuse qui sonne aussi comme une revanche pour l’homme que Blaise Compaoré a fait assassiner pour prendre le pouvoir : Thomas Sankara.
Pourquoi cette annonce ?
Après la fuite de Blaise Compaoré, d’abord réfugié en Côte-d’Ivoire puis au Maroc, l’arrivée des militaires sur le devant de la scène a pu susciter des suspicions. Zida était un inconnu, mais il a fait partie du système. En cumulant les postes de Premier ministre et de ministre de la Défense, n’allait-il pas tenter de récupérer l’insurrection populaire à son propre profit ou à celui de son ancien maître ? Pour l’instant, c’est le contraire qui se produit. Au Burkina Faso, le nouveau pouvoir n’hésite pas à se démarquer du régime précédent. Dès son investiture, le nouveau chef de l’Etat, Michel Kafando, a fustigé le régime Compaoré et surtout appelé à rouvrir l’enquête sur le meurtre de Thomas Sankara, tué le 15 octobre 1987.
Pourquoi la mort de Sankara reste-t-elle un enjeu au Burkina Faso ?
De 1984 à 1987, ce jeune capitaine a initié une véritable révolution sociale dans l'ex-Haute-Volta, qu'il rebaptise Burkina Faso. Mais cet élan s'int