Dur réveil pour les révolutionnaires. Samedi matin, Hosni Moubarak, chassé du pouvoir au bout de dix-huit jours de révolte en février 2011, a été blanchi de complicité de meurtres de centaines de manifestants. Près de quatre ans après la révolution, l'ancien pharaon est appelé «Monsieur le président» par les présentateurs de télévision qui l'interrogent, décomplexés. «Ce n'est pas une surprise, on s'y attendait tous», lâche Chaza, submergée de tristesse. La jeune trentenaire aimerait ne pas pleurer. Elle n'y arrive pas. «Le pouvoir n'a même pas cherché à sauver son image en proposant une peine, même légère. Je pense aux parents des martyrs et à tous ces jeunes morts en 2011. Comment des Egyptiens peuvent saluer un tel verdict et nous lancer à la figure "on a gagné, la révolution n'a jamais existé" !»
Comme beaucoup d’Egyptiens qui sont descendus dans la rue le 25 janvier 2011, Chaza savait que l’ex-raïs allait bénéficier d’un verdict clément. Mais cela n’a pas atténué sa colère. L’abandon de l’accusation de complicité de meurtre contre Hosni Moubarak, Habib el-Adly, le ministre de l’Intérieur de l’époque, et six conseillers reflète l’isolement progressif des révolutionnaires dans la société égyptienne et la consolidation du nouveau pouvoir incarné par le président Abdel Fatah al-Sissi.
Saga. Une pareille décision aurait été plus périlleuse en juin 2012. Moubarak avait alors été condamné à la prison à perpétuité,