C'est, en Afrique de l'Ouest, notamment dans la Côte-d'Ivoire de Houphouët-Boigny, que Robert Dulas s'est fait un solide nom de serviteur invisible de la Françafrique. Dans le milieu du renseignement, on dit barbouze. Dulas a toujours un peu tiqué quand on l'a qualifié comme tel. Il préfère, dit-il, se présenter comme un «patriote» évoluant dans «les zones grises».
Mais aujourd’hui, Dulas se met à table. Et cette table, il l’a dressée en hommage à son camarade Pierre Marziali, tué à Benghazi en 2011, alors en mission pour le compte de sa propre société militaire privée (SMP), la Secopex, dissoute depuis. Dulas et son associé Marziali travaillent indifféremment avec Kadhafi et avec les rebelles quand Marziali a été assassiné lors d’un contrôle qui tourne mal. Dulas a toujours réfuté cette hypothèse et pensé que Marziali, qui avait mis au jour le rôle ambigu de certains rebelles noyautés par des groupes islamistes radicaux, serait devenu un obstacle aux nouveaux intérêts de la France. Ni lui ni aucun des coéquipiers présents de Marziali, dont certains furent tourmentés durant onze jours par les insurgés libyens, n’ont été débriefés par les services français.
Mort pour la Françafrique raconte la mise en chantier des premières sociétés militaires privées. La Secopex, puisqu'il s'agit d'elle. Cette dernière aura toutes les difficultés à se faire un nom et une réputation à l'ombre des sociétés américaines ou britanniques qui poussent avantageusement leurs