Il aura fallu deux tours de scrutin au Parlement régional de Thuringe pour que Bodo Ramelow réalise son rêve : il est devenu le premier, vendredi, ministre-président du pays à venir des rangs du parti néocommuniste Die Linke. Vingt-cinq ans après la chute du Mur, ce sera également la première coalition Die Linke-SPD-Verts d'Allemagne. Bodo Ramelow, 58 ans, Wessi, protestant pratiquant et syndicaliste, disposera d'une majorité d'une voix pour diriger ce Land d'ex-RDA.
Le parcours du nouveau chef est atypique. Né en 1956 en Basse-Saxe (RFA) dans une famille protestante, Bodo Ramelow se bat avec la dyslexie, à l'origine d'une scolarité médiocre. Il entame une formation de vendeur en gibier et volaille, passe sur le tard un bac professionnel, est embauché par la chaîne de grands magasins Karstadt et se tourne vers le syndicalisme. Délaissant les rayons alimentaires, il entame une carrière de fonctionnaire au sein de la confédération de la distribution HBV, malgré sa proximité avec le Parti communiste ouest-allemand DKP plutôt qu'avec le SPD. Lorsqu'il se marie pour la première fois, les bans sont publiés dans Unsere Zeit, l'organe du DKP.
Désindustrialisation. La chute du Mur marque un tournant dans la vie du jeune gauchiste. En 1990, Ramelow débarque à Erfurt, capitale de Thuringe. «A l'époque, je trouvais tout simplement que c'était là qu'il fallait être, et pas à l'Ouest, explique-t-il. Etre avec des gens qui