Il y a un an, le 5 décembre 2013, la France lançait l’opération Sangaris en Centrafrique. Il s'agissait de désarmer les forces rebelles de la Séléka qui menaçaient de plonger le pays dans le chaos. Un an et des milliers de morts plus tard, rien n'est réglé. La Centrafrique reste une vaste zone de non-droit, sous la pression des groupes armés. Deux mille soldats français sont toujours sur place (l’effectif devrait être ramené à 1 500 hommes au printemps). La force de maintien de la paix de l’ONU compte quant à elle 8 600 hommes, bientôt 12 000. La situation est loin d'être pacifiée, témoigne Delphine Chedorge, chef de mission Médecins sans frontières à Bangui depuis un an.
Un semblant de calme est-il revenu en Centrafrique ?
La situation est la même qu'avant. Il n’y a pas d’Etat, pas d’économie, pas de justice, pas d’écoles, pas de système de santé en état de marche. Loin du désarmement prévu, il y a encore plus de gens armés qu’à une certaine époque. Les jeunes, désœuvrés et désespérés, rejoignent les groupes armés pour avoir le sentiment de faire quelque chose. Ces groupes sont de plus en plus fragmentés, sans leaders clairement identifiés, mais de plus en plus divisés selon des lignes ethniques. Ils continuent à répandre la peur sur les routes, dans les villages, les quartiers. Les camions sont systématiquement rackettés sur les routes, notamment celle qui va de Bangui au Cameroun, une voie essentielle pour l’approvisionnement.
A Bangui même, il y a des braquages tous les jours. Les magasins sont ouverts, mais à partir de 18 h