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Libération
Reportage

Togo : «Nos frères burkinabés nous redonnent espoir»

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La tension monte dans un pays qui, inspiré par son voisin, espère reprendre le pouvoir détenu depuis près d’un demi-siècle par le père puis le fils Gnassingbé.
Manifestation à Lomé, le 24 novembre/ (Photo DR)
publié le 8 décembre 2014 à 19h46
(mis à jour le 9 décembre 2014 à 18h01)

«Tu es riche aujourd’hui, mais ça ne va plus durer longtemps, imbécile !» Une course-poursuite s’est engagée dans les rues de Lomé. Dix chauffeurs de zem (moto-taxi) prennent en chasse une Porsche décapotable, rutilante. Le conducteur, lunettes de soleil sur le nez, musique de coupé-décalé à fond, ne les avait pas vus venir. Il slalomait entre les nids de poule, sans même prêter attention aux essaims de motos-taxis qui envahissent les rues de la capitale togolaise. Au feu rouge, les insultes fusent. «Tu te crois où, là ? Pourquoi tu conduis comme ça ?» l’interpelle un zem. L’homme continue à regarder la route, indifférent. On tape sur la voiture de luxe. Le feu passe au vert, et l’homme «riche» démarre en trombe en faisant crisser ses pneus, larguant les motos-taxis. Les abandonnant à leur colère et à leur frustration.

Amalgame. La tension est montée d'un cran à Lomé ces dernières semaines et les langues se délient. Chaque jour, la division sociale, politique, mais aussi ethnique se creuse un peu plus. Dans la capitale, à l'extrême sud du pays, on fait un amalgame dangereux entre «ceux du Nord» et ceux «qui ont le pouvoir et tout l'argent». «Nous avons tous vu ce qu'il s'est passé au Burkina Faso il y a un mois. Nous voulons la même chose ici», confie Daniel. Il est mécanicien la semaine et moto-taxi le week-end pour arrondir les fins de mois. «On en a marre ! On veut du changement.»

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