A qui appartient la très célèbre mosquée-cathédrale de Cordoue, joyau de l’art islamique ? Les habitants ont toujours cru qu’elle appartenait à l’Etat. Or, pas du tout : il y a quelques mois, des historiens ont révélé qu’en 2006, l’épiscopat l’avait inscrite comme une de ses propriétés. Et ce en catimini, pour la modique somme de 30 euros. En 2010, l’Eglise catholique a fait de même avec la Giralda de Séville, un autre édifice où se mêlent la mosquée originelle et la cathédrale ultérieure, fruit de la Reconquête d’Al-Andalus, la domination musulmane qui dura environ sept siècles – jusqu’à la chute de Grenade, en 1492.
A Cordoue, surtout, cette nouvelle a fait scandale. Un collectif de citoyens s'est organisé pour dénoncer, d'une part, le fait que la mention de «mosquée» a été gommée (à l'entrée, les guides parlent exclusivement d'une cathédrale et expulsent les musulmans surpris en train de prier) et, d'autre part, «l'appropriation illicite d'une partie du patrimoine andalou» de la part de l'Eglise espagnole. Dans le sillage de ce sursaut citoyen, les deux grands partis de gauche – le Parti socialiste et la Gauche unie – ont approuvé au sein du Parlement régional d'Andalousie une motion affirmant que les évêques ont agi «de manière inconditionnelle».
Ce bras de fer met en lumière une bataille juridique qui dépasse les limites de l’Andalousie. Depuis une vingtaine d’années, de manière clandestine, des responsables ecclésiastiques profiteraient d’une v