Sa camionnette progresse tant bien que mal le long du chemin en terre détrempé et jonché de feuilles d'automne. Au beau milieu de cette forêt de chênes, de pins et d'eucalyptus, dans un virage abrupt, Elías Vázquez désigne du doigt une antique galerie romaine en pierre. A une vingtaine de mètres, on en aperçoit l'extrémité émergeant du sol. «A l'époque, elle mesurait 6 kilomètres de long. L'eau y arrivait en cascade et facilitait l'extraction de l'or selon la technique du ruina montium, qui permettait de fractionner la roche. Pendant trois cents ans, au début de l'ère chrétienne, les Romains ont raflé l'essentiel du minerai, puis ils sont partis. Depuis, on a cette belle forêt, ces marécages et ce grand creux, là-bas, à l'endroit où ils avaient creusé avec le plus d'insistance.»
Elías n'a qu'un souhait : que les choses restent en l'état, que personne ne s'avise de toucher à ce havre de paix où il a joué toute son enfance et se recueille souvent «pour faire le vide». Mais sous ses pieds, il reste toujours de l'or, celui que les Romains n'ont pu extraire faute de moyens techniques adéquats. Le métal jaune a beau se trouver à une bonne profondeur, pris dans de la granodiorite - une roche proche du granit -, il ne cesse d'attiser les convoitises : ce serait le dernier grand gisement aurifère d'Europe, estimé à 2 millions d'onces - soit 56,6 tonnes d'or.
«El Ruso» dans le village
Ce «trésor» est situé à une encablure de la côte rocheuse des Asturies et à un bon kilomètre de Tapia de Casari