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Libération

Cent ans après, l’Autriche prend conscience des crimes de son armée

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publié le 11 décembre 2014 à 20h16

Dans les villages serbes, on les connaissait bien, ces photos jaunies des pendus de la guerre de 14. Mais à Vienne, en revanche, rare sont ceux qui avaient entendu parler des massacres commis par l'armée autrichienne aux confins de l'Empire. «Il était temps !» ironise l'historien Hannes Leidinger. Avec trois jeunes confrères, ce professeur de l'université de Vienne vient de sortir un ouvrage (1) qui recense méticuleusement, et pour la première fois, les expéditions punitives, les exécutions sommaires, les viols et les crimes commis par l'armée impériale sur les Russes, les Ruthènes et surtout les Serbes. Paysans ou prisonniers de guerre, ces derniers étaient collectivement perçus comme responsables de l'assassinat, à Sarajevo en juin 1914, de l'héritier du trône, l'archiduc François Ferdinand, par Gavrilo Princip, un jeune étudiant serbe de Bosnie.

Les «nouveaux historiens» à la sauce viennoise ont confronté les archives militaires autrichiennes à celles conservées dans les capitales ennemies de l'époque. Et selon leurs conclusions, rien qu'en Serbie, entre 3 000 et 4 000 civils ont été massacrés par des soldats autrichiens lors de la Grande Guerre. Comme dans la ville de Sabac, par exemple, où trois semaines seulement après la déclaration des hostilités, 120 femmes, enfants et vieillards ont été fusillés derrière une église. Dès les premiers jours du conflit, 5 000 Serbes de Bosnie, tous citoyens de la monarchie danubienne, furent aussi internés. «Ils ont été co