Pour la première fois, le syndicat CGIL appelle à une grève générale contre un président du Conseil de centre gauche. Professeur de sciences politiques à la John Hopkins University de Bologne et ancien sénateur de la Gauche indépendante, Gianfranco Pasquino analyse l’impact de la grève générale sur le gouvernement de Matteo Renzi.
Est-ce une rupture idéologique entre la gauche de gouvernement et le mouvement syndical ?
Plus qu’un conflit idéologique, c’est avant tout une grève contre le gouvernement Renzi et une mesure en particulier, à savoir la réforme du marché du travail baptisée «Jobs Act» qui comprend la révision de l’article 18 du code du travail, lequel régit les licenciements abusifs. Dans cette grève générale, il y a aussi un conflit personnel entre Matteo Renzi et la secrétaire générale Susanna Camusso. Elle n’est pas un leader très fort et elle essaie de se renforcer en tentant d’imposer ce bras de fer. Il n’y a plus beaucoup d’idéologie dans la gauche italienne ni dans cet affrontement. La grève générale est davantage un conflit de générations, avec d’un côté un jeune leader politique et de l’autre un vieux syndicat composé majoritairement de retraités. D’une certaine manière, pour Matteo Renzi, cette grève générale peut paradoxalement présenter un certain avantage. Elle lui permet de cultiver son image de modernisateur. Elle lui permet de montrer que le Parti démocrate (PD) est autonome par rapport aux syndicats. Enfin, il envoie aux partenaires européens un message : il a engagé des réformes de structure puisque la rue se mobilise contre lui. A trav