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Libération
Récit

New Delhi : «Je sens encore les mains qui se sont frottées à moi dans le bus»

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Les services de voiture avec chauffeur qui permettaient aux femmes de rentrer la nuit sans danger sont interdits dans la capitale indienne suite au viol d'une passagère par un chauffeur d'Uber.
Des manifestantes à Bangalore contre le harcèlement des femmes dans les transports en octobre 2013. (Photo Manjunath Kiran. AFP)
publié le 11 décembre 2014 à 17h46

«Ces nouveaux taxis ont vraiment changé ma vie», lance spontanément Amrita Haldipur. Cette femme célibataire de 32 ans, originaire de Bombay, a déménagé dans la banlieue de New Delhi il y a un an. Un changement qui a effrayé ses parents, tant la capitale a la réputation d'être «un foyer de violeurs». En 2013, 1636 viols ont été enregistrés dans le seul Etat de Delhi, soit près de trois fois plus que l'année précédente – une augmentation en partie due au fait que les femmes osent davantage déposer plainte. Cette responsable marketing de classe moyenne a cependant pu braver le danger, grâce à son meilleur garde du corps : son smartphone. «Pendant la journée, je prends un autorickshaw (moto-taxi, ndlr), explique-t-elle. Mais dès que la nuit tombe, je réserve un Ola Cabs. Et il n'y a plus de problème», affirme fièrement cette résidente de Gurgaon, le quartier d'affaires situé à une trentaine de kilomètres en périphérie de New Delhi.

Ola Cabs fait partie de la vingtaine de compagnies de «voitures de tourisme avec chauffeur» qui ont bourgeonné ces derniers mois dans les grandes villes indiennes sur le modèle de la compagnie américaine Uber, permettant, en principe, aux nombreuses femmes vivant en ville de rentrer le soir sans danger et de gagner une nouvelle liberté. Mais le viol d'une passagère d'un taxi Uber vendredi dernier dans la capitale a tout chamboulé. Non seulement il a entaillé ce mythe, mais il a aussi ravivé