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Récit

Nigeria : les messagères de la mort

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Boko Haram, massacre à huis-closdossier
La secte islamiste Boko Haram utilise désormais des jeunes filles pour mener ses attentats-suicides.
Sur le lieu de l'attentat, au marché de Kantin Kwari. (Photo Aminu Abubakar. AFP)
publié le 11 décembre 2014 à 20h06

Elles sont mortes en déclenchant la bombe qu’elles cachaient sous leurs vêtements. Deux adolescentes, dont on ne connaîtra jamais les visages ni même probablement les noms. Deux vies perdues, sacrifiées au nom d’un idéal mortifère, celui d’une secte intégriste qui ne semble avoir pour l’instant que la mort et la terreur comme horizon.

Mercredi, en début d’après-midi, les deux jeunes filles sont arrivées à Kantin Kwari, le plus grand marché de textiles du nord du Nigeria, à Kano, la deuxième ville du pays. Comme chaque jour, il y a de l’affluence : des Nigérians bien sûr, mais aussi des commerçants libanais, chinois ou indiens. Les deux filles sont accompagnées d’un homme qui les quitte rapidement. Elles demandent alors à avoir accès aux toilettes. D’où elles déclenchent leurs explosifs, provoquant la mort de quatre personnes.

Jeudi, c’est une jeune fille de 13 ans qui a été interpellée alors qu’elle se rendait au dispensaire de Kano, prétendant avoir été blessée lors de l’attentat de la veille. Mais sous ses vêtements, la police a découvert une ceinture d’explosifs qu’elle n’a heureusement pas eu le temps de déclencher. Une jeune fille une fois de plus, prête à mourir et à tuer.

Boko Haram est en guerre ouverte contre le gouvernement depuis 2009, et encore plus violemment depuis 2012, lorsque l’état d’urgence a été décrété dans les provinces du Nord musulman, où ces intégristes ont leurs bases et ont proclamé fin août l’instauration d’un califat. Près de deux semaines plus tôt,