Dans le box des accusés, verra-t-on un jour George W. Bush, son vice-président Dick Cheney ou des agents de la CIA ? Depuis la publication, la semaine dernière, d'un rapport du Sénat sur les méthodes brutales de la CIA dans les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, les appels en ce sens se multiplient. «Les responsables de cette conspiration criminelle doivent être présentés devant la justice», martèle le rapporteur de l'ONU sur les droits de l'homme, Ben Emmerson. Pour sa part, le directeur exécutif de Human Rights Watch estime qu'«à moins que ce processus important de divulgation de la vérité ne mène à des poursuites contre les responsables, la torture demeurera une option pour les prochains présidents».
«Torture». Le mot, longtemps tabou, est désormais prononcé au plus haut niveau de l'Etat américain. Après la publication du rapport parlementaire, Barack Obama a ainsi dénoncé des méthodes «que toute personne honnête devrait considérer comme de la torture». Or, la loi américaine est formelle : la torture est interdite et tout citoyen des Etats-Unis qui la pratique, où que ce soit dans le monde, risque jusqu'à vingt ans de prison. La sénatrice Dianne Feinstein, qui a dirigé l'enquête parlementaire, reconnaît d'ailleurs que les interrogatoires de la CIA «ont violé la loi américaine, les traités internationaux et nos valeurs». En théorie, ceux qui ont conçu, mis en place et exécuté le programme secret de