«Mais bien sûr que c'est Ebola ! Il y a déjà eu deux morts dans cette famille. Que voulez-vous que ce soit d'autre ?» Accrochée à son téléphone portable, Safiatu Blango perd patience. Cela fait deux jours qu'elle réclame une ambulance au 117, le numéro d'urgence mis en place pour faire face à l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone.
Infirmière, sans emploi depuis la fermeture de la clinique privée où elle travaillait, Safiatu s'est reconvertie en contact tracer,c'est-à-dire en agent de surveillance sanitaire. Les Nations unies, ainsi que quelques ONG, ont formé plusieurs milliers de ces membres essentiels du dispositif de réponse à l'épidémie. Leur rôle : identifier les malades et les personnes qu'ils ont fréquentées, et surveiller celles-ci pendant vingt-et-un jours, la durée maximale d'incubation du virus. Au Mali, après trois décès dus à Ebola le mois dernier, plus de 300 personnes ont été placées sous surveillance, une clinique entière a été mise en quarantaine. Des mesures qui semblent avoir empêché la propagation du virus dans le pays. Mais leur application en Sierra Leone, où l'ampleur de l'épidémie dépasse largement les moyens disponibles pour y faire face, est une autre histoire.
Tous les jours, Safiatu parcourt d'un pas énergique les rues de terre de Morabie, une banlieue pauvre et semi-rurale, située à environ quarante-cinq minutes de route de Freetown, la capitale. «Je veux aider ma communauté, dit-elle. Mais, parfois, j'ai l'impression qu