Pas un mot. Accusée de «graves violations des droits de l'homme» par la Commission nationale de la vérité (CNV), chargée d'examiner les exactions commises pendant la dictature au Brésil (1964-1985), l'armée brésilienne se tait. C'est son porte-parole officieux, le Club militaire des réservistes et officiers à la retraite, qui s'est chargé de fustiger les «mensonges» du rapport final de la CNV, publié le 10 décembre. Emue, la présidente Dilma Rousseff, elle-même ex-prisonnière politique, a pour sa part salué ce pavé de plus de 4 000 pages. Mais la vérité, a-t-elle mis en garde, «ne doit pas donner lieu à la haine ni aux règlements de comptes».
Fruit de près de trois ans de travaux, le rapport ne fait que peu de révélations. Le texte n'en est pas moins «courageux», note l'activiste Ivan Seixas : «L'histoire officielle reconnaît que la répression n'était pas le fruit d'actes isolés, comme le prétend l'armée, mais bien d'une politique d'Etat. Le rapport désigne aussi des coupables, ce qui permettra de les juger.» La CNV dénombre 377 responsables de la répression, dont les cinq généraux qui se sont succédé à la tête du pays pendant la dictature. Mais les familles des victimes sont déçues : les corps de ces dernières n'ont pas été retrouvés, l'armée a refusé à la CNV l'accès à ses archives et la Présidente aurait empêché la commission de saisir les tribunaux. Comme ses prédécesseurs, Rousseff ménage l'état-major. «L'armée, qui contri