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Libération
Interview

«Politique et armée doivent une fois pour toutes se confronter aux talibans»

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Afzal Ashraf, de l’Institut de recherches en défense et sécurité à Londres :
publié le 16 décembre 2014 à 22h36

Eradiquer les talibans ou s’en accommoder, mais pas de compromis politique, c’est ce que préconise le Dr Afzal Ashraf, consultant à l’Institut de recherches en défense et sécurité RUSI (Royal United Services Institute) à Londres.

Comment expliquez-vous l’incapacité des autorités pakistanaises à prévenir ou au moins à contrôler les actions des talibans ?

Cela fait un moment que la sécurité dans le pays est affaiblie, en partie en raison de la corruption et d’une certaine inefficacité, essentiellement au sein de la police. Le problème, c’est que l’Etat pakistanais a, pendant des années, encouragé les idéologies politiques jihadistes, parce qu’elles aidaient sa politique vis-à-vis du Cachemire ou de l’Inde. Mais, aujourd’hui, cette stratégie se retourne de manière terrible contre le gouvernement et l’armée. Pendant un moment, ils ont voulu faire la différence entre les bons et les mauvais jihadistes, entre les bons et les mauvais talibans. Le problème, c’est que cette distinction n’existe pas.

Quel rôle joue l’armée dans la situation actuelle ?

L'armée pakistanaise mène depuis des années des opérations militaires contre les talibans dans ces régions. La plus récente de ces opérations a débuté en juin. Et il ne fait aucun doute que, dans certains endroits, dans de tout petits villages, les destructions ont été considérables, beaucoup de familles [de talibans, ndlr] ont souffert. C'est la raison pour laquelle ils qualifient l'attaque de représailles.

Mais les talibans ont choisi d’attaquer une école parce qu’ils ne peuvent pas attaquer l’armée. D’une certaine manière, l’horreur de cette attaque montre aussi la lâcheté de ces organisations. Ils ont