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Analyse

La stratégie des conflits gelés

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Transnistrie, Ukraine, Géorgie : le Kremlin a toujours tenté d’empêcher ses voisins de regarder vers l’Ouest en entretenant les nationalismes.
publié le 17 décembre 2014 à 19h56

Aux frontières occidentales de la Russie, l’Ukraine du président prorusse Viktor Ianoukovitch avait accepté de faire figure de petit frère de la Russie. Sa chute, en février, a provoqué la réaction rageuse du Kremlin. Pour affaiblir Kiev, sommé de regarder vers l’Est et non pas vers l’Ouest, et encore moins vers l’Union européenne ou l’Otan, Moscou a provoqué la séparation, puis l’annexion, de la Crimée, et organisé le soulèvement du Donbass. Depuis trente ans, les pays voisins de la Russie qui ne se soumettent pas à Moscou sont systématiquement amputés des régions où il existe des problèmes - par ailleurs réels - de compatibilité entre le centre et les minorités, russe ou autres.

Rattachement. Dans tous les conflits armés entre le pouvoir central (qu'il soit moldave, géorgien ou ukrainien) et des mouvements séparatistes, la Russie est intervenue aux côtés de ces derniers pour garder dans son giron ses ex-satellites. Et, depuis, le Kremlin continue de cultiver les sentiments séparatistes et/ou prorusses en Transnistrie (lire page 5), Abkhazie, Ossétie du Sud et, plus récemment, dans le Donbass… au grand dam de la communauté internationale qui, refusant d'entériner les changements de frontières par la force, lui a enfin demandé de payer le prix de ses actes.

En 1991, la Transnistrie proclame son indépendance. Quand la Moldavie tente de reprendre le contrôle de sa province, en 1992, Moscou intervient militairement aux côtés des sépa