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Libération
Reportage

Tiraspol, capitale fantôme entre Lénine et Kafka

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La petite Transnistrie, qui a fait sécession de la Moldavie en 1991 avec le soutien de Moscou, vivote au cœur d’un poker diplomatique, au bon vouloir du Kremlin.
publié le 17 décembre 2014 à 18h26

Une immense statue de Lénine se dresse au centre de Tiraspol, en face du Soviet suprême. Certes, les couloirs de l'université sentent le vieux parquet et les tableaux d'honneur placardés dans les couloirs ont le goût suranné des temps révolus. Mais la «République moldave du Dniestr» n'est pas qu'un «conservatoire de l'époque soviétique», selon l'expression consacrée et un poil dédaigneuse des Occidentaux de passage. La Transnistrie, c'est une bande de terre coincée entre la Moldavie et l'Ukraine, un régime autoritaire qui survit grâce à l'aide de Moscou, depuis sa sécession de la Moldavie en 1991. C'est aussi 500 000 habitants - d'après les statistiques officielles, sans doute moins en réalité - qui se débattent pour survivre au sein d'une partie de poker diplomatique qui les dépasse. Pour ceux qui n'ont pas d'emploi dans la pléthorique administration de l'entité ou dans la police, il est souvent nécessaire de passer les frontières pour nourrir sa famille.

Malgré les négociations ouvertes à Minsk, les combats se poursuivent dans le Donbass entre l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses. Par crainte d’une infiltration d’agents du Kremlin, Kiev interdit donc l’entrée de son territoire à tous les ressortissants masculins de Transnistrie possédant un passeport russe. Volodia, un jeune chauffeur de taxi, qui vient de passer deux ans à Moscou, a la parade : il est aussi titulaire d’un passeport moldave, acceptable aux yeux des autorités ukrainiennes. Comme lui, be