La crise de l’économie russe peut-elle déboucher sur une crise de régime ? Alors que la Russie commence à payer les pots cassés de son aventure en Ukraine, il est légitime de se poser la question.
Quelles conséquences pour Vladimir Poutine ?
Le président russe n’a jamais eu à gérer une crise comparable. Au contraire. Il est arrivé au pouvoir en 1999, appelé par Boris Eltsine (le premier président russe postcommuniste) au poste de Premier ministre comme un antidote à la crise de 1998, quand la Russie avait dû se déclarer en cessation de paiement. Elu président en 2000, il a construit son succès et sa popularité sur deux piliers : la fierté russe (regagnée au prix de milliers de morts et de destructions incommensurables contre les indépendantistes de Tchétchénie) et la stabilité économique. Après le chaos de l’ère Eltsine (salaires et pensions non versés, effondrement de l’industrie, pillage des ressources par une oligarchie toute puissante), les Russes ont accepté de sacrifier une part importante de leurs libertés (notamment de parole et d’association) en échange de la prospérité. Et fermé les yeux sur la corruption tant que leur stabilité économique n’était pas menacée. Tout cela peut se retrouver mis en question. La prospérité n’a pas été le résultat d’une politique économique tournée vers la modernisation et le développement mais un effet d’aubaine, celui de la hausse ininterrompue du prix du pétrole pendant au moins une décennie. Déçus, les électeurs, qui a