Au Darfour, dans le silence médiatique et le murmure diplomatique, les massacres continuent. La situation est tellement intolérable que l’ONU ne totalise plus les morts, le compteur a été bloqué en 2008. Pourtant, rien n’a cessé. Parfois, un entrefilet signale une attaque, un bombardement, des morts, des viols. Mais on répète sempiternellement depuis 2008 : 300 000 morts et plus de 2 millions de réfugiés et déplacés. Le 17 novembre, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, exhorte le Soudan à ne pas bloquer les Casques bleus qui enquêtent sur des accusations de viols collectifs impliquant l’armée au Darfour. Que s’est-il passé ?
Le 31 octobre, 200 femmes et jeunes filles auraient été violées à Tabit, 45 kilomètres au sud-ouest de la capitale régionale, El-Fasher. Une banalité depuis onze ans, mais la mission conjointe de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) s'était vue interdite, par l'armée soudanaise, l'entrée dans le village. Néanmoins au 10e jour, elle parvient à mener ses investigations sans, évidemment, trouver de preuves. Le Soudan nie les accusations.
L’enquête a lieu dans une ambiance de peur et de silence. L’armée soudanaise est omniprésente, et certains militaires filment même, avec leur téléphone, les entretiens avec les villageoises. On le sait par le rapport secret interne de la Minuad, rendu public par l’AFP. Vive l’indépendance des enquêteurs et l’absence d’intimidation sur les enquêtées !
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