C’est le jour du grand souk à Médenine, modeste capitale de la région éponyme, dans le sud de la Tunisie. Dimanche, à une semaine du second tour de l’élection présidentielle, les partisans des deux finalistes ont profité de l’affluence pour faire campagne.
Les troupes de Moncef Marzouki, le président sortant soutenu par les islamistes d'Ennahdha, campent à l'entrée du marché, avec une sono qui hurle des hymnes à la révolution. «Choisissez Marzouki, l'homme des droits et des libertés», prêche un militant au micro. A l'écart de la foule, les jeunes partisans de Béji Caïd Essebsi tentent de se faire entendre. «Du nord au sud, Béji, c'est le meilleur», scandent-ils. L'air éprouvé, une équipe rentre d'une opération tractage : «Ça s'est mieux passé que la dernière fois, où les gens déchiraient les prospectus, débriefe Mouna. C'est dur, ici, beaucoup sont contre Béji.»En tête du premier tour avec 39% des voix, Essebsi et son parti, la coalition laïque Nidaa Tounes, ont réalisé ici des scores piteux : «BCE» n'a récolté que 15% des suffrages, contre 67% pour Marzouki. Même tendance dans les régions voisines (Tataouine, Kébili, Tozeur…). Les scrutins ont fait ressortir un vieux clivage : le Nord plutôt acquis aux «modernistes», le Sud aux conservateurs.
«C'est la maison d'Ennahdha, ici. Beaucoup de ses dirigeants sont originaires du Sud et les traditions arabo-musulmanes y sont plus fortes», soupire un journaliste local. Marzouki doit son sco