Ala place de la tour-horloge érigée par Ben Ali à l'entrée de l'avenue Bourguiba, au cœur de Tunis, Moncef Marzouki voudrait bâtir un monument en l'honneur des martyrs de la révolution. Un symbole, pour celui qui se veut le gardien du temple révolutionnaire et de ses avancées démocratiques. Le président sortant, outsider dans cette course, «continue d'incarner le grand militant, cette vieille garde d'opposants à Ben Ali qui a occupé des responsabilités après sa chute mais qui a perdu en crédibilité et en sympathie en raison de son bilan», résume l'analyste Selim Kharrat.
Bras de fer. Originaire de Douz, une bourgade à l'entrée du désert, il est le fils d'un partisan de Salah ben Youssef, rival de Bourguiba dans la lutte d'indépendance assassiné en 1961. Conservatrice et panarabiste, très implantée dans le Sud, la dissidence «yousséfiste» fut durement matée, et le père de Marzouki a fini sa vie au Maroc. Médecin de formation, Marzouki est entré en politique par les droits de l'homme. Elu en 1989 à la tête de la LTDH, il mène le bras de fer avec le régime de Ben Ali quand celui-ci lance une vague de répression contre les islamistes. Ejecté de la Ligue au profit des partisans d'une opposition moins frontale, il fonde le Conseil national pour les libertés en Tunisie avec les tenants de la ligne radicale. Puis crée son parti, le Congrès pour la République, en 2001. Harcelé par la police, il se replie en France et rentre au lendemain d