«Faites venir vos enfants, peu importe leur âge, laissez-les regarder l'émission et débattez avec eux. Grâce à nos informations et pour la première fois dans l'histoire des médias égyptiens et arabes, la police a fait une descente dans le plus grand repaire d'orgies homosexuelles du Caire. Bienvenue dans le programme El Mostakhbi ["Ce qu'on nous cache"]», vante la présentatrice Mona Iraqi, encore méconnue du grand public il y a quelques semaines mais désormais célèbre, comme son émission. Dans la nuit du 7 décembre, 26 hommes ont été arrêtés dans un hammam de la capitale égyptienne «où l'on pratique la déviance sexuelle». Leurs corps, à moitié nus, recroquevillés sous le poids de la honte, défilent devant les caméras de la chaîne Al Kahera Wal Nas («Le Caire et les gens»). Ces images rappellent les pages les plus sombres de la répression contre les homosexuels en Egypte, dont le dernier épisode remonte à 2001, lorsqu'une cinquantaine d'Egyptiens avaient été arrêtés à bord du Queen Boat, un restaurant prisé de la communauté gay du Caire.
Depuis plusieurs mois, des associations tirent la sonnette d'alarme : la situation des homosexuels n'a jamais été aussi inquiétante. «La répression contre la communauté LGBT est plus grande aujourd'hui que sous l'ère Moubarak ou Morsi, observe Dalia Abdel Hamid, spécialiste des questions de genre à l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). Les arrestations sont devenues plus systématiques : on en