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Lutz Bachmann, de la taule à la croisade

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Sorti de nulle part, cet ancien braqueur a réussi à mobiliser des milliers de personnes à Dresde via les réseaux sociaux, dans une ville pourtant peu touchée par l’immigration et les violences.
Lutz Bachmann le 8 décembre 2014 à Dresde. (Photo Arno Burgi. AFP)
publié le 22 décembre 2014 à 20h06

Difficile de ne pas remarquer Lutz Bachmann au premier rang, en tête du cortège. L'homme en parka, cheveux courts plaqués vers la droite, barbe de trois jours poivre et sel, regard intense et noir, est taillé comme une armoire à glace. Inutile de s'approcher avec un bloc-notes ou un micro : Lutz Bachmann - qui coquète en assurant avoir reçu plus de 700 demandes d'interviews en quelques jours - refuse de parler à la presse, «mensongère et vendue».

L'intérêt pour ce photographe et graphiste de 41 ans est de fait considérable depuis qu'il a fait descendre dans la rue 10 000 habitants de Dresde le 8 décembre et 15 000 une semaine plus tard pour protester «contre l'islamisation de l'Occident». Lundi, à la tombée de la nuit, c'était cette fois plus de 20 000 personnes qui étaient attendues pour entonner des chants de Noël contre l'islam. La mobilisation - partie de rien et échappant à tout parti - est colossale pour cette ville de 500 000 âmes. Une infime minorité d'entre eux est de confession musulmane.

Petit écran. Le mouvement «Pegida» (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) est né à Dresde, sur le canapé de Lutz Bachmann, face au petit écran. La télévision retransmet des scènes de batailles de rue à Hambourg entre salafistes et Kurdes. Indigné, Lutz Bachmann se lâche sur les réseaux sociaux et y rencontre un écho auquel lui-même ne s'était pas attendu. Lorsque, le 10 octobre, les Kurdes de Dresde manifeste