La commission Vérité en Tunisie a commencé ses travaux en décembre, une autre se met en place dans une partie des Philippines, la commission d’enquête de l’ONU sur la guerre de Gaza vient de débuter son mandat. Au nom «du droit à la vérité», les commissions et les procès pour des crimes internationaux se multiplient. L’idée, généreuse, a toute sa pertinence. «Le droit à la vérité» offre potentiellement dignité et reconnaissance aux victimes et à la société. Mais il ne peut intervenir dans le temps même du conflit, sous peine d’être dévoyé et d’offrir une arme supplémentaire aux belligérants.
C’est, dans les années 70, que le droit à la vérité émerge avec force lorsque, bravant les dangers, les Mères de la place de Mai exigent de la junte militaire argentine qu’elle dévoile le sort de leurs proches disparus. En 1997, Louis Joinet, alors rapporteur spécial de l’ONU contre l’impunité, reprend ce concept dans un rapport qui fait date. Par la suite, le droit à la vérité s’institutionnalise avec les statuts de la Cour pénale internationale. Tenu désormais par l’ONU au rang des bonnes pratiques dans les sociétés en transition, il vise à cicatriser les plaies de la société, à prévenir le négationnisme et à rétablir la confiance rompue par les années de violence dans des communautés divisées.
Mais de quelle «vérité», ce droit parle-t-il ? Dans la conception normative de l'ONU, les tribunaux, les commissions d'enquête et les commissions Vérité participent au dévoilement d'une vérité jud