Après l'attaque informatique contre Sony, une panne géante a frappé les serveurs internet nord-coréens lundi. Andreï Lankov, professeur à l'université de Kookmin à Séoul et spécialiste de la Corée du Nord (1), explique les développements de cette crise.
Pensez-vous que la Corée du Nord est derrière le piratage de Sony ?
J’en suis à 90% sûr. Les Nord-Coréens en sont capables, ils ont formé des experts informatiques de très haut niveau. Ils l’ont prouvé l’an dernier en attaquant les systèmes informatiques de plusieurs banques et médias sud-coréens. D’ailleurs, dans ses déclarations officielles, le régime a salué le piratage. Ce dernier a des raisons d’être énervé. Sony n’aurait jamais osé faire un tel film sur Vladimir Poutine ou sur Xi Jinping, de peur d’être attaqué par des avocats et de subir des représailles économiques de la part de marchés très attractifs. Ils ont choisi la Corée du Nord parce qu’ils pensaient, à tort, que c’était une cible facile qui ne pourrait répliquer.
Sony a-t-il bien fait d’annuler la sortie du film ?
En cédant au chantage, Sony a créé un dangereux précédent : Pyongyang sait désormais que ses menaces peuvent avoir un impact sur les pays occidentaux. On risque de voir le chantage du régime et l’autocensure se généraliser.
Qu’auraient dû faire les Etats-Unis ?
Washington a des moyens d’action, mais je préfère ne pas en discuter dans les médias. Je dirais seulement qu’il faut briser le cercle vicieux des représailles. Moins les Américains en feront et mieux ce sera. Mon seul con